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Journée pédologique dans les Côtes de Toul

  • Photo du rédacteur: m.haber
    m.haber
  • il y a 2 jours
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 1 jour

Notre association a organisé, en collaboration avec l’Association Terroirs Grand Est, une journée pédologique dans les Côtes de Toul, le lundi 7 avril 2025. A cette occasion, Dominique Schwartz, professeur de pédologie, a analysé et commenté trois fosses pédologiques, creusées près du village de Blénod-les-Toul (57). Une quinzaine de personnes a participé à cette animation.

Photo Michel Haber

Le vignoble des Côtes de Toul est attesté historiquement depuis la période romaine. Après la Révolution française, la Lorraine comptait 50 000 hectares de vignes. Classé en Vin Délimité de Qualité Supérieure en 1951, le vignoble a failli disparaître puisqu’il ne restait qu’une trentaine d'hectares cultivés. il a obtenu son entrée dans les Appellations d’Origine Controlée en 1998. Une quinzaine de vignerons passionnés exploitent actuellement les 650 hectares de l’appellation dont 100 hectares sont plantés. L’attention est portée sur la qualité de l’environnement et la production en bio, la récolte manuelle et la limitation des rendements pour assurer la qualité. Les cépages sont le gamay, l’auxerrois et le pinot noir. La production est d’environ 4000 hectolitres. La production emblématique reste le fameux Gris de Toul, un assemblage de Gamay, de Pinot  Noir et d’Auxerrois (cépage d’origine lorraine).

Logo officiel
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Le sous-sol des Côtes de Toul a été formé au cours du Jurassique Supérieur (t3, Oxfordien) et est constitué de calcaire et d’argiles. Quant aux sols ils se sont formés bien plus tardivement, à la toute fin du Quaternaire (moins de 15000 ans).

Carte géologique infogéo.gouv.fr
Carte géologique infogéo.gouv.fr

Le choix de localisation des fosses a été guidé par les différences d’altitude : fosse 1 en haut de pente, fosse 2 en milieu de pente milieu et fosse 3 bas de pente, respectivement dans les vignes des domaines Lelièvre, Vosgien et Loevenbruck.

Localisation des fosses pédologiques. Carte infogéo.gouv.fr
Localisation des fosses pédologiques. Carte infogéo.gouv.fr

Fosse n°1 (Domaine Lelièvre)

La fosse a été creusée entre une vigne arrachée et une parcelle plantée en Pinot Noir. La localisation se faisant sur une rupture de pente, on peut supposer la présence potentielle d’une faille à l'amont de la parcelle, au niveau d'une rupture de pente.

Photo Amandine Rivière
Photo Amandine Rivière

On note la présence généralisée de calcaire dur, de marnes et d’argile. On retrouve des cailloux, issus d’une formation ancienne liée à l’érosion. En profondeur les pierres sont de taille supérieure. Le sol est carbonaté, comme le montre le test à l’acide chlorhydrique. L’effervescence est visible sur l’ensemble du profil, bien que moins marquée en profondeur. Les vignerons précisent que le pH se situe entre 7,5 et 8.

Photo Amandine Rivière
Photo Amandine Rivière

La texture du sol est argileuse. La forte teneur en argile induit une forte compacité. Lorsqu'ils sont bien secs, ces sols forment un véritable "béton" difficile à travailler.

Le sol est profond et frais. Il présente une bonne réserve hydrique, ce qui peut surprendre au vu de la position en haut de coteau. Cette réserve hydrique est cependant moins disponible que si le sol était plus riche en limons. La porosité du sol est surtout liée à la présence des racines de la vigne qui descendent jusqu’à 1,10m. La faune (vers de terre) y peu nombreuse, le sol étant trop compact en profondeur.

Ce type de sol est adapté à la vigne, avec une bonne réserve hydrique et une profondeur exploitable d’au-moins 1,40 m.

Photo Michel Haber
Photo Michel Haber

Fosse n°2 (Domaine Vosgien)

La parcelle est plantée en Pinot Noir. La vigne est jeune.

La lecture des horizons permet de distinguer, en dessous de la terre brune, des traces orangées et d’autres grises. La couleur orangée indique la présence et l’oxydation du fer ferrique. La couleur blanche nous détermine une zone lessivée, carbonatée, où le fer est dissout.

Photo Amandine Rivière
Photo Amandine Rivière

Une zone grise uniforme, à partir de 80 cm de profondeur, est le signe de la présence de la nappe permanente. Ceci correspond à un sol hydromorphe. Pour mémoire, la pluviométrie de 2024 était exceptionnellement élevée : 1200mm contre 700mm les années ordinaires. On note que le nombre de cailloux est moins élevé que dans la fosse précédente, mais que la proportion d’argile est plus importante. On peut supposer que ce sont des argiles gonflantes se rétractant en été et provoquant des fissures importantes dans le sol. Ceci est confirmé par le viticulteur. Cependant aucun élément de la végétation de surface (type prêle) ne pouvait laisser prévoir une zone plus humide.

Le sol est adapté à la plantation de la vigne, à condition d’être attentif à trois éléments :

-       la surveillance des éventuels excès d’eau et la mise en place d’un drainage si nécessaire,

-       le maintien de l’enherbement de surface, facilitant l’infiltration de l’eau,

-       le maintien de la richesse organique de l’horizon de surface marron-noir.


Photo Michel Haber
Photo Michel Haber

Fosse n°3 (Domaine Loevenbruck)

La parcelle correspond à un ancien verger, situé à une moindre altitude que les deux autres fosses. On note également la présence d’un horizon de surface marron-noir, riche en matière organique.

Photo Michel Haber
Photo Michel Haber

On observe dans le deuxième horizon la même problématique d’oxydoréduction du fer et de la dissolution du calcaire observée dans la fosse n°2. Le sol est également un carbosol comme le montre le test avec l’acide chlorhydrique. En profondeur l'argile est luisante, ce qui témoigne de la présence de l'eau.

Photo Michel Haber
Photo Michel Haber

La présence d'une nappe quasi permanente en-dessous de 0,80m à 1,00m, implique sur cette parcelle, comme pour la fosse n°2, que l'enracinement restera relativement superficiel. Les vignes ne souffriront pas de la sécheresse, mais le lien au terroir sera moins marqué que dans le cas d'un enracinement plus profond.


En guise de conclusion.

Après observation et analyse des trois fosses pédologiques, on peut dire que le sol est homogène. Ce sol présente une résistance qui le rend dur à travailler. Les profils sont très épais, y compris pour la fosse n°1 en sommet de coteau, ce qui est assez surprenant. Dans les trois cas, le sol est favorable à la culture de la vigne, avec une attention particulière qui doit être portée à la présence de l’eau en bas de coteau.

Ce sont toujours des calcosols c’est-à-dire des sols bruns calcaires épais.

On y observe des phénomènes importants de lixiviation, c’est-à-dire d’entraînement vertical par infiltration des éléments solubles (calcaire, fer). Le phénomène de lessivage, c’est-à-dire d’entraînement des particules solides non solubles (par exemple l’argile) doit être très faible.

 

Quelques recommandations sont suggérées aux vignerons :

 

  • Eviter le labour et favoriser le sous-solage afin d’améliorer la circulation de l’eau

  • Entretenir le couvert végétal favorisant la richesse organique de l’horizon de surface.

    Photo Michel Haber
    Photo Michel Haber

    La matinée s’est achevée autour d’une dégustation des vins des Côtes de Toul et d’un repas fort sympathique qui a permis de prolonger les échanges.


    Je tiens à remercier Amandine Rivière pour m’avoir transmis ses notes et photos, précieuses et très utiles pour la rédaction de cet article.

    Michel Haber


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