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L'analyse de Dominique Schwartz

Suite à la journée de découverte des fosses pédologiques dans le vignoble de Rosenwiller le 24 mai dernier, Dominique Schwartz nous a transmis son analyse et particulièrement la description du phénomène de barrière chimique liée au sol. Avec son aimable autorisation, nous avons le plaisir de diffuser cette analyse.


"Je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous cette photo prise il y a une dizaine de jours. Je trouve qu'elle illustre d'une manière particulièrement pédagogique la notion de barrière chimique.

La photo a été prise à Rosenwiller, dans le vignoble alsacien (67). Le sol est un calcosol développé sur une formation superficielle à origine mixte : le matériau grossier est constitué de blocs et cailloux de calcaires du Muschelkalk (Trias moyen), provenant, en période glaciaire, de mouvements gravitaires de versant. Le matériau fin est un limon très carbonaté d'origine éolienne (loess). Une partie de ce loess est sans doute d'origine très locale. En effet, lorsqu'on les gratte au couteau, les blocs de calcaire dégagent une poudre qui a tout à fait l'aspect du loess, par sa couleur et sa granulométrie. Dans sa thèse, Henri Vogt avait déjà évoqué le phénomène, que j'ai également pu observer à maintes reprises, et qui semble s'apparenter à une "altération sèche" par microfragmentation. Le sol proprement dit (les 50 cm supérieurs) se sont développés dans des colluvions sans doute d'origine agraire. Il n'est pas impossible que le sol ait été remanié lors de travaux viticoles (arasement de terrasse ?), la limite avec la formation de pente étant très abrupte. Si c'est le cas, il s'agit de travaux anciens, aucun aménagement n'ayant été fait dans la parcelle depuis au moins 70 ans (témoignage du viticulteur).

Le plus intéressant à observer est la répartition des racines. Si elles se répartissent de façon assez homogène dans les 50 cm supérieurs, il n'y en a aucune en dessous de cette profondeur. Au contraire, on observe une sorte de mat racinaire presque continu vers 50 cm, matérialisé par la couleur très sombre de ce niveau constitué majoritairement de racines (les racines de la vigne sont assez faciles à reconnaître par leur couleur très sombre, quasi noire en surface ; cf. la grosse racine à, gauche de la photo).

Le loess constitue de toute évidence une barrière chimique ici quasiment infranchissable. Le pH n'a pas été mesuré, mais par comparaison avec d'autres horizons C du même type, il doit être de 8,9-9 alors qu'en surface il est de 7,9-8. le porte-greffe est pourtant un porte-greffe résistant au calcaire actif (SO4). Il est clairement insuffisant ici. Résultat : il y a sous 50 cm de profondeur tout un compartiment du sol (horizon C) qui constitue une bonne réserve hydrique inaccessible... On peut aussi penser que l'expression du terroir sera réduite par cet enracinement superficiel.


Sentez-vous libre d'utiliser cette photo si vous le souhaitez, en indiquant juste le copyright."



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